Bonjour Séverine, est-ce que vous pouvez nous raconter votre parcours ?
C’est une reconversion professionnelle qui m’a amenée dans le monde de la Petite Enfance.
J’avais commencé des études de psychologie, que j’ai menées pendant 3 ans, et pour des raisons personnelles j’ai arrêté mes études et j’ai commencé à travailler. J’ai passé plusieurs années dans l’administratif ; j’occupais des postes d’assistante de direction, des métiers de ce type là…
La Petite Enfance a commencé à m’intéresser ensuite, mais avec des jeunes enfants qui allaient à l’école à l’époque, ce n’était pas évident de changer de voie. Après quelques années, une opportunité s’est présentée : un plan de départ volontaire, qui m’a permis de me former.
J’ai passé le concours pour devenir Auxiliaire de Puériculture, je l’ai réussi du premier coup et je me suis lancée dans le monde de la petite Enfance.
J’ai commencé par faire des vacations de nuit à l’hôpital, en suite de couches, pendant 2 mois. Puis j’ai rejoint une crèche municipale. J’ai connu plusieurs crèches. J’ai passé 7 ans dans la première, sur le même poste.
Et mon regard a commencé à changer. Il me manquait quelque chose : je voulais en faire plus auprès des familles. Je me suis alors intéressée au métier d’Educatrice de Jeunes Enfants (EJE). J’ai eu mon diplôme d’EJE en VAE en moins d’1 an (du premier coup aussi !).
Comment s’est préparée cette VAE ?
C’est une décision que j’ai prise seule. J’ai été soutenue, bien sûr, mais c’est une idée qui venait de moi. C’était compliqué pour moi, à l’époque, de partir 3 ans en école. La VAE m’a permis de préparer mon diplôme après ma journée de travail ; je travaillais 1h ou 2h par jour pour la préparer, en lisant surtout.
Ma directrice de l’époque était EJE de formation, je pouvais lui poser des questions et découvrir grâce à elle les différentes facettes de ce métier. Plus j’avançais dans ma VAE, plus mon regard et ma réflexion s’enrichissaient. Je découvrais l’étendue du champ d’accompagnement du jeune enfant. Mes observations, mon regard, ma réflexion changeaient… J’avais l’impression de réfléchir différemment.
Pour préparer cette VAE, il faut préparer un dossier et passer un oral. J’avais commencé un accompagnement, et le Covid est passé par là, j’ai continué seule. Ces deux séances initiales m’ont seulement permis d’avoir des bases, mais ça a quand même compté.
Quel a été le plus difficile dans cette VAE ?
Le plus difficile a été la régularité du travail demandé ; sachant qu’il y a la vie de famille, la vie professionnelle et les autres activités. Ça prend beaucoup de temps sur le temps personnel. Travailler un peu tous les jours était difficile, mais j’étais motivée.
Qu’avez-vous fait une fois votre diplôme en poche ?
J’ai fini l’année sur mon poste d’AP, et j’ai commencé une nouvelle année en tant qu’EJE sur le terrain, dans une autre crèche municipale dans le 94. En parallèle de cela, j’ai été EJE en libéral, le week-end surtout : je voulais voir un autre aspect du métier d’EJE, au-delà de la crèche. Je sais que c’est un métier aux multiples facettes. On peut faire plein de choses. J’ai passé presqu’un an sur le poste d’EJE en crèche municipale.
Sur le poste d’EJE terrain, il y avait la globalité de l’accompagnement de la famille. Mais voilà : j’ai un peu d’ambition et je voulais plus ! J’aime me challenger, me lancer des défis, etc. Je sentais qu’il me manquait encore quelque chose, notamment l’accompagnement des équipes ; c’est pour ça que je me suis orientée vers le poste de direction. Pour me consacrer à la fois aux familles, aux enfants, et aux équipes. Et puis je voulais un temps partiel. J’ai donc quitté mon emploi et j’ai trouvé un emploi en micro-crèche en temps partiel, sur un poste de direction.
J’ai découvert encore une autre facette du métier, que j’ai appréciée. Dans la crèche où j’étais en temps partiel, j’ai rapidement eu l’impression de manquer de temps pour que les choses soient complètes. Je me suis dit que j’avais envie de m’y consacrer à temps complet. C’est pour cela que j’ai cherché un temps complet et je l’ai trouvé chez Les Bébés Explorateurs. Il faut que je trouve un mot pour décrire ce poste que j’ai découvert… Il y a un équivalent pour « Waouh » ? (rires).
Chez Les Bébés Explorateurs, précisément, le poste est riche. Il y a le côté administratif, que j’aime bien ; et le côté accompagnement des équipes qui demande de savoir écouter, accompagner, inclure… Mon management est participatif. Bien sûr, quand je dois prendre des décisions je le fais, mais j’aime beaucoup inclure les équipes.
Qu’est-ce qui vous a le plus plu sur ce poste ?
Echanger. Je trouve ça très intéressant. Ça me change, même personnellement.
Quand j’échange avec les équipes sur un projet, j’ai une idée en tête mais je peux entendre un autre point de vue. Ces échanges, ça permet de s’enrichir. Ce qu’elles m’apportent c’est une autre façon de voir. Alors on échange, on discute, on essaie de voir ce qui peut se faire ou non, et j’essaie de combiner un peu les deux. Il n’y a pas que mon avis à moi qui compte ; il ne faut pas que ce soit une dictature, il faut que ça aille dans les deux sens.
Et bien sûr les enfants. C’est la meilleure partie du métier. C’est un peu bateau de dire ça, mais c’est vrai.
J’avais une crainte au début : que les enfants marquent une distance avec moi parce que je n’étais pas tout le temps sur le terrain. Mais en réalité, ils ne font pas de différence : même si je ne suis pas toute la journée ou tous les jours avec eux, ils ne me le font pas sentir. Ils ne marquent pas de retrait par rapport à moi. Ils viennent me voir très facilement. Le lien est là.
Et qu’est-ce que vous trouvez le plus difficile ?
Le manque de personnel. Cela pèse sur l’équipe. A moins qu’on ne soit en-dessous des ratios, le nombre d’enfants est maintenu, et les tâches ne sont plus réparties de la même façon. Les enfants le ressentent aussi : il y a plus de conflits, plus de frustrations à gérer. L’atmosphère change. Quand ça dure plus d’un ou deux jours, c’est pesant.
Quelles différences voyez-vous dans les différents postes que vous avez occupés ?
Au début de ma carrière, je trouve que mon métier manquait de profondeur. Je m’occupais des enfants avec soin, mais il me manquait une partie réflexion et une forme d’expérience. Aujourd’hui, je prends plus le temps d’observer, et je prends conscience de l’importance de cet accompagnement près des enfants.
J’étais une jeune maman ; je ne faisais pas vraiment la différence entre la vie de maman et la posture de pro. J’avais encore certaines idées, certains préjugés, mais plus mon expérience s’enrichissait, plus mes observations s’affinaient, et plus je gagnais en professionnalisme.
Il me manquait aussi l’accompagnement des personnes plus expérimentées que moi. J’étais un peu seule au début… Alors aujourd’hui je mets un point d’honneur à accompagner les jeunes diplômées.
Est-ce que le fait d’avoir évoluer en interne, et surtout d’être passée par le "métier terrain", vous donne plus de visibilité sur l’apport des connaissances de chacun/chacune ?
Oui, oui, oui. Ça me donne un avantage parce que c’est du vécu. Je suis passée par ces phases de jeune diplômée sans expérience. J’ai pu acquérir de l’expérience dans chaque métier, et je peux l’apporter aux personnes que j’accompagne maintenant. Justement parce que je sais ce que c’est.
Quelle est votre journée type ?
On va dire qu’il y a des points communs ; mais des journées type, il n’y en a pas.
Quand j’arrive le matin, je vais d’abord en section pour saluer les enfants et l’équipe. Ça, c’est vraiment un rituel quotidien. A la fin de la journée, je fais la même chose, et en partant je leur dis toujours cette petite phrase : « Je reste joignable. Si vous avez besoin, appelez-moi ».
Dans la journée en revanche, tout peut arriver ; je peux me consacrer à des tâches administratives ou passer la journée en section si mes équipes en ont besoin. Cela dépend des jours.
Vous êtes aujourd’hui directrice de deux micro-crèches. Est-ce difficile d’être sur deux établissements ?
Ce n’est pas toujours facile. J’ai rencontré quelques difficultés d’ailleurs, en commençant. D’organisation notamment. Tout est à faire deux fois : deux réunions de parents, deux réunions d’équipe, etc. Ce n’est pas toujours évident ; il y a un coup à prendre. J’ai pris un peu de temps pour tout mettre en place, mais maintenant ça va beaucoup mieux : j’ai trouvé une organisation qui me convient. Il faut prendre le temps de prendre ses marques !
Quel regard portez-vous sur votre métier ?
Je trouve que le métier de directrice, c’est vraiment très important. Pour moi, ça peut s’apparenter à un guide. La ligne conductrice, c’est à la directrice de la montrer : Où aller, quel chemin suivre, pouvoir rassembler l’équipe si certaines s’écartent du chemin, etc.
Le métier de directrice, c’est aussi rassembler. C’est important pour que tout le monde soit bien dans son métier et vienne tous les jours travailler avec plaisir. Si tout roule dans une crèche mais que la direction ne va pas, rien ne va ; ça a un trop grand impact sur le reste de la crèche.
Ma recette miracle : c’est l’organisation et la communication. Si ce n’est pas clair pour moi, ça ne peut pas l’être pour l’équipe.
Et quel regard portez-vous sur votre secteur ?
Je trouve qu’il y a un enjeu autour de la formation, notamment des CAP. Je constate qu’elle est moins approfondie qu’avant. Même les stagiaires CAP le disent à la crèche : on ne leur apprend pas à changer une couche, que ce soit dans les temps théoriques et pratiques. Les formations initiales sont moins riches et devraient être enrichies.
Chez Les Bébés Explorateurs, on a accès à des formations qui viennent compléter notre travail au quotidien. Celles qui n’ont pas le temps, peuvent se détacher et faire des retours à l’équipe.
Je porte aussi sur le secteur un regard d’espoir : j’aimerais qu’il y ait plus de vocation chez les futures professionnelles de la petite enfance (tous postes confondus) car le secteur peine à recruter.
Est-ce que vous voulez ajouter autre chose ?
Je trouve ça dommage de ne pas mettre davantage l’accent sur les pros qui sont là tous les jours, qui s’investissent, qui accompagnent bien les enfants, qui respectent leur rythme, leur autonomie et leur estime d’eux-mêmes. Qui respectent l’enfant dans son individualité pour résumer.
C’est ce que j’ai trouvé ici et c’est ce que j’insuffle aussi.
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