Bonjour Juliette, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je vais commencer par vous parler de ma formation. Je n’ai pas de diplôme spécialisé dans la Petite Enfance. J’ai fait un Bac pro Service aux Personnes et Territoires, et j’ai travaillé directement après mon BAC. Je savais déjà à l’époque que je voulais travailler avec les enfants C’est né au contact des nourrissons qu’on a dans notre famille je pense…
J’ai commencé dans une crèche d’entreprise en 2018 ; c’était dans le cadre d’un service civique de 8 mois. C’est super difficile de savoir où aller quand on sort du lycée, et je voulais travailler tout de suite. Aujourd’hui, je regrette un peu de ne pas avoir passé mes diplômes avant. C’est aussi pour ça que là je suis en pleine VAE. Mais ce n’est pas grave !
Je suis arrivée à Paris en 2020, j’ai commencé chez Les Bébés Explorateurs en mai 2021 et je ne suis jamais partie. Je suis pro Terrain, Auxiliaire Petite Enfance. J’étais volante jusqu’à quelques mois, et maintenant je suis affectée à une crèche en particulier.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est une pro volante ?
Lorsque j’étais volante, j’arrivais dans un établissement en renfort de l’équipe. En général, je remplaçais des arrêts maladie pour 1 journée. Je ne passais jamais plus de 3 jours dans une structure. Le maître mot c’est l’adaptation et la flexibilité.
Il faut savoir que rien n’est figé. Il faut être quelqu’un de très flexible et s’adapter très vite. On peut être envoyé du jour au lendemain à 1/2h de chez soi. Quand j’arrivais dans un nouvel établissement, ma directrice me présentait comme la fée de la crèche. Ça peut être un peu déstabilisant de devoir chaque jour se re-présenter. Mais en général, les filles sont contentes qu’on soit là. On est une vraie aide. Il faut le voir comme ça.
C’est aussi un travail d’équipes, composées de personnes avec des caractères et des personnalités différentes. On ne connaît pas toujours tous les tenants et les aboutissants d’une situation, ce n’est pas évident. Mais pour celles qui aiment le changement, c’est très enrichissant. C’est sympa de voir comment fonctionnent certaines équipes, certains enfants.
Aujourd’hui, vous êtes attachée à une seule crèche, n’est-ce pas ?
Au début, je venais en renfort de deux micro-crèches situées à Pigalle, l’une à côté de l’autre : Lundi et mardi, j’étais dans une crèche, Jeudi et Vendredi dans l’autre. Maintenant je suis affectée à une seule de ces crèches. Je suis super contente d’être sur une crèche unique de façon plus pérenne. Ça me permet de développer plus d’attaches avec une équipe et un groupe d’enfants.
Ça faisait 2 ans que j’étais volante, et j’étais contente de trouver une certaine stabilité.
Vous nous avez parlé d’une VAE, vous pouvez nous en dire plus ?
Je n’ai pas de diplôme dans la Petite Enfance et je le regrette un peu. Ma directrice m’avait parlé de VAE, ma coordinatrice aussi, je suis super encouragée. Et puis l’entreprise nous aide en nous offrant un accompagnement. C’est ce qui m’a convaincue de me lancer. J’ai déjà rempli le livret 1, je vais commencer la rédaction du livret 2.
Pourquoi voulez-vous faire cette VAE ?
J’ai envie de devenir Educatrice de Jeunes Enfants. C’est le métier qui me plaît le plus. J’avais envie d’avoir ce diplôme pour apprendre en tant qu’Educatrice et pour travailler en tant que telle. Ce qui m’intéresse, c’est le positionnement par rapport à l’enfant. Par rapport à l’équipe aussi
Le métier d’une EJE, c’est d’observer. C’est fou tous les enseignements qu’on peut en tirer, rien qu’en observant les enfants. C’est son métier : se poser des questions. Et c’est ce qui m’intéresse, c’est ce que j’adore faire déjà maintenant. C’est aussi le point sur lequel je dois le plus progresser.
Avez-vous une journée type ? Pouvez-vous nous la décrire ?
Bien sûr !
La crèche ouvre à 8h30. On est 2 professionnelles. Les premiers enfants arrivent ; on est au sol, on accueille les familles et les enfants, jusqu’à 9h30.
A 9h30, les changes commencent, et les siestes des nourrissons aussi. A 10h, on se regroupe pour notre rituel : la chanson du Bonjour. Une activité est proposée aux plus grands ; parfois elle est prévue, parfois on fait selon le feeling.
A 10h, on commence à anticiper le déjeuner. Une pro reste au sol avec le groupe d’enfants.
La 3ème pro arrive à 11h, et rejoint les bébés. L’heure du repas pour les bébés et les moyens arrive. La pro qui s’occupe des grands leur donne leur repas, et nettoie l’espace. Elle met en place les lits, et change les grands, pendant que les plus jeunes terminent leurs repas et se préparent au sommeil.
Vers 12h30, les grands partent au lit, les plus jeunes dorment jusqu’à 13h30 – 14h. C’est le moment où la crèche est calme.
A tour de rôle, nous prenons nos pauses. Puis arrive la deuxième phase de la journée : l’après-midi. Les grands commencent à se réveiller vers 14h. La pro du matin s’occupe des temps de repas en cuisine parce qu’en micro, ce sont les pros qui s’en chargent.
A 15h, tous les enfants sont réveillés généralement et les pros sont revenues de pause. Vers 15h30 - 15H45, c’est l’heure du goûter.
La 1ère pro part vers 16h. On fait alors deux groupes d’âges pour leur proposer des activités adaptées à leur âge. En général l’essentiel des départs se fait vers 18h. C’est aussi l’heure du rangement et des premiers nettoyages (les tapis, les blocs moteurs, les éléments). Un agent d’entretien s’occupe de nettoyer les sols.
Est-ce que vous diriez que les journées se ressemblent ?
C’est le gros paradoxe.
L’enfant n’a pas de montre. Il n’a aucun repère au niveau de l’heure, donc on ritualise énormément les journées.
Les journées se ressemblent aussi parce que les tâches sont répétitives mais il y aura toujours des petites choses qui feront qu’une journée ne ressemblera pas à l’autre : on ne fera jamais deux fois la même activité par exemple, parce que les envies des enfants changent. Rien n’est figé, rien n’est fixe. Comme leurs envies changent extrêmement vite, on est obligé de les suivre et les journées ne peuvent pas se ressembler.
L’humeur des enfants varient aussi, parfois certains sont malades. Leur état modifie la journée type habituelle.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?
La proximité avec l’enfant, le contact avec l’enfant. Leur parler, les voir évoluer. Quand on a la chance de les voir arriver bébé et de les voir partir à 3 ans, c’est incroyable de constater leur évolution.
Je ne suis pas maman, je ne sais pas ce que ça fait quand il s’agit de son propre enfant. Mais ceux qu’on accueille, on les a tous les jours, on les voit parfois plus que leurs propres parents. On éprouve un vrai sentiment de fierté en les voyant. Ils grandissent bien, ils apprennent plein de choses : marcher, parler, raisonner. C’est juste incroyable. C’est très émouvant…
C’est juste trop beau.
Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile ?
Je ne sais pas… Peut-être le travail d’équipe… Ce n’est pas toujours évident. Heureusement, ici, on s’entend bien.
Et l’enfant a besoin de toute l’énergie qu’on a. Il est en demande, on est tout le temps sollicité, parfois c’est un peu difficile ça aussi.
Quel regard vous portez sur votre métier ?
C’est un métier passionnant. Ce n’est pas un métier vers lequel se tourner quand on ne sait pas quoi faire. Ça reste une vocation. Ça demande beaucoup d’énergie et on donne énormément de soi. C’est quelque chose qui s’apprend. Tout le monde ne peut pas venir travailler en crèche avec des enfants.
Le matin, certains parents en partant nous disent : « Amusez-vous bien ! ». C’est difficile : on ne passe pas nos journées à faire des câlins... On travaille, avec les parents d’ailleurs, la familiarisation par exemple n’est pas toujours évidente. Les parents nous confient ce qu’ils ont de plus précieux, ça rend exigeants !
Quel regard portez-vous sur le secteur de la Petite Enfance ?
C’est un peu mitigé.
Les gens en parlent beaucoup, en bien ou en mal. Mais ces gens-là ne prennent pas le temps de se renseigner sur ce que c’est que ce mode de garde, ou sur les pédagogies déployées en crèche. Chez Les Bébés Explorateurs, par exemple, on met l’accent sur le jeu libre, la liberté de l’enfant… Ca veut dire qu’on ne forcera jamais un enfant à participer à une activité là où en école maternelle ils seront obligés de le faire. Dans nos crèches ça n’arrivera jamais. Si à un enfant à 3 ans veut manger avec les doigts, il le fera. Il faut dédramatiser toutes ces petites choses.
On aime bien alerter les gens dès qu’il y a un couac. Quand un problème arrive, c’est souvent parce que les protocoles n’ont pas été respectés. En crèche, il existe énormément de protocoles concernant l’hygiène et la sécurité. Il faut suivre, et se documenter aussi… beaucoup.
Où vous voyez-vous à l’avenir ?
Je n’en ai aucune idée ! … J’ai 23 ans… je viens de commencer ce métier. Peut-être que je travaillerai dans un autre type de structure. Mais toujours dans la Petite Enfance, ça c’est certain.
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